L'enquête photographique en Valais (1989 - 2005)
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- L'Enquête photographique en ValaisLa construction d'une mémoireLe Valais et vous, 1990Les prolongements de 1990 et 1991Un programme d'actionAu fil de l'eau, 1994Des hommes dans un paysage, 1995Un premier bilan intermédiaire (...), 1996Les communautés étrangères, 1997Actualités sportives et politiques, 1998Le Valais dans le miroir de l'Enquête
Membres fondateurs de l'Enquête photographique
Martigny, 15 décembre 1988
© Robert Hofer
Emission de la TSR sur l'exposition "Préliminaires"
Martigny, 28 mars 1989
© Bernard Dubuis
Conférence sur l'exposition "Préliminaires"
Martigny, 15 mars 1989
© Bernard Dubuis
Emission de la TSR sur l'exposition "Préliminaires"
Martigny, 23 mars 1989
© Bernard Dubuis
La construction d’une mémoire
↓ Jean-Henry Papilloud, directeur de la Médiathèque Valais - Martigny
Le lancement de l’Enquête photographique en Valais a été
rondement mené. Quelques mois seulement séparent les premières discussions de
1988 de l’exposition Préliminaires.
Le terrain est, à dire vrai, déjà bien préparé et une conjonction de facteurs
favorables facilite la réalisation de l’idée. Comme le dit justement Robert
Hofer «à la base de ce projet, il y a d’abord les volontés individuelles
des photographes qui désirent faire des images qui leur tiennent réellement à
cœur et qu’ils ne vont pas forcément mener à bien dans le cadre strict de leur
métier». De fait, la fondation de l’Enquête est marquée par la rencontre
de trois photographes, Robert Hofer, Bernard Dubuis, Jean-Claude Brutsch et
d’un historien, Jean-Henry Papilloud, qui vient d’être nommé à la direction du
tout nouveau Centre valaisan du film installé à Martigny.
Issu du monde de la presse où tout doit aller vite, Robert
Hofer est en quête de temps, d’images réfléchies qui ne sont pas uniquement liées à l’actualité immédiate. Bernard
Dubuis, à côté des commandes, est sensible au passage du temps; il en
prend pour réaliser une œuvre personnelle marquée par des travaux de longue
haleine. Le troisième homme, Jean-Claude Brutsch, vient de Genève pour
enregistrer, avec sa chambre grand format, les images qui lui semblent
emblématiques du Valais actuel. La publication d’une double page sur son
programme «d’inventaire instantané de notre présent», dans Le Nouvelliste du 19 février 1988,
précipite les choses. En révélant l’existence de projets similaires, elle donne
à chacun l’occasion de préciser ses idées et de les confronter à celles des
autres.
La première rencontre a lieu au Centre valaisan du film qui
entreprend une démarche pionnière dans la conservation et la mise en valeur du
patrimoine audiovisuel. Les trois hommes d’images et l’historien sont sur la
même longueur d’onde. Pour tous, le médium photographique est essentiel, car il
donne un reflet large et ouvert de la réalité. La nouvelle génération de
photographes, qui s’affirme, a des idées et de l’ambition, mais elle n’a pas
accès à une tribune pour s’exprimer. Les revues locales, moribondes ou
désorientées, n’offrent plus beaucoup d’espace à la création originale et les
journaux sont trop pris par le quotidien pour s’intéresser à des images d’une réalité
qui ne bat pas au rythme de l’actualité.
Les fameux exemples de la Mission héliographique française de
1851, la Farm Security Administration qui documente la misère de l’Amérique
profonde des années 1930, et plus près encore, la Mission photographique de la
Datar finissent d’exalter les esprits.
Ne disposant pas d’un organisme prêt à assumer l’opération,
le groupe décide de se lancer et il opte pour une solution pragmatique basée
sur la mise en commun d’initiatives individuelles. La preuve par l’acte est
préférée aux longs tours de table et aux démarches administratives. Pour donner
un aperçu du but visé, l’idée s’impose de mettre sur pied une exposition, qui
montrerait à la fois des travaux spécialement réalisés à cette fin et des
éléments existants, exemplaires de la démarche. Le président de la Ville de
Martigny, Pascal Couchepin, donne le premier coup de pouce en finançant le
travail de Jean-Claude Brutsch sur l’usine des produits azotés des Vorziers. La
Délégation valaisanne à la Loterie romande et l’Office fédéral de la culture
suivent et permettent l’achat de tirages existants de Bernard Dubuis sur le
Rhône et la commande de portraits de musiciens à Robert Hofer. Afin
d’introduire des reportages liés à une actualité significative, Oswald Ruppen –
qui rejoint le groupe – met à disposition sa vision de l’élection de Monique
Paccolat, première présidente du Grand Conseil. Cette approche est complétée
par les regards croisés que Bernard Dubuis et Robert Hofer portent, le 30 juin
1988, sur la consécration de quatre évêques par Mgr Lefebvre, cérémonie qui
marque la rupture entre la hiérarchie catholique et la communauté
traditionaliste d’Ecône.
L’invitation au vernissage de l’exposition Préliminaires résume l’ambition du
projet: «Le Valais vit depuis quelques décennies une
transformation profonde qui touche aussi bien l’économie que les modes de vie,
les mentalités que les comportements. Fixer, montrer et conserver les traces de
cette évolution, c’est le but que s’est assigné un groupe de photographes en
lançant le projet d’une vaste enquête photographique en Valais…».
En parallèle aux travaux inscrits sous le label de l’Enquête,
le Centre valaisan du film présente le travail de précurseurs qui illustrent
l’histoire de la photographie en Valais : Pantaleon Binder, Albert Nyfeler,
Raymond Schmid, Charles Paris, Charles Krebser et les photographes de la revue Treize Etoiles dont les archives sont
alors déposées.
D’emblée, les médias perçoivent l’enjeu. Ils accordent une
belle couverture à l’événement. Ainsi, Jean-Claude Péclet, dans L’Hebdo du 13 avril 1989, résume bien la
donne: «Un canton en mutation échappe à la logique du clic-clac et
pose les bases de la documentation de longue haleine pour esquisser la mémoire
visuelle de l’an 2000».
Les premières retombées de cette action d’éclat ne tardent
pas. Plusieurs opportunités permettent à l’Enquête d’entamer la réalisation de
ses objectifs. Il s’agit de sujets ponctuels, comme le suivi des commémorations
de la Mobilisation, qui jouent sur le lien entre les générations de la guerre
et celles d’aujourd’hui. Cinq photographes assistent aux différentes
manifestations et en rapportent des reflets qui montrent l’importance de la
mémoire dans le monde actuel.
L’approche de l’Enquête suscite l’intérêt de groupes et
d’institutions qui ressentent le besoin d’une réflexion critique sur l’image du
Valais à l’extérieur. Ainsi, les photographes sont invités à donner une vision
plus moderne du Valais dans le cadre de la foire française de la Roche sur
Foron où le canton est hôte d’honneur.
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